I. Comparaisons Dans La Littérature

Les Fourmis de Bernard Werber

Dans cette première partie, nous allons étudier, relever et expliquer les différences et ressemblances que nous avons pu constater au cours de la lecture du livre Les Fourmis de Bernard Werber. Mais nous allons commencer par vous présenter succinctement cet auteur et son œuvre.

Bernard Werber est un écrivain français, né le 18 septembre 1961 à Toulouse. Il est principalement connu pour sa trilogie Les Fourmis (1991), mais il est aussi l'auteur de Pentalogie du ciel (1994).
Les Fourmis est le premier tome d'une trilogie. Il est sorti en mai 1991, et a remporté un vif succès. Il a été traduit dans plus de 358 langues, et a été particulièrement apprécié en Corée du Sud et en Russie. Il s'est vendu à 20 millions d'exemplaires un peu partout dans le monde.
  
La question que nous nous somme posés est : La société des fourmis que Werber nous décrit est elle différente dans la réalité ?


À cela plusieurs éléments de réponses.
Le « oui » comme le « non » ont tous deux leurs places. En effet, plusieurs incohérences ont étés relevées par nos soins, mais plusieurs ressemblances également.
Dans son livre, Werber a humanisé les fourmis, il leurs a donné un individualisme, c'est à dire le fait de faire prévaloir l'individu sur le groupe auquel il appartient : en un mot, il est plus important que les autres pour lui, il a une forme d’égoïsme. C'est aussi le fait de privilégier l'individu au détriment de son groupe.

Dans Les Fourmis, cet individualisme se traduit par exemple par l'existence de mensonge, qui est en fait une sorte d'automatisme pour éviter la crainte. Il n'existe donc pas. Le mensonge est cité à la page 95 :
« Les gardes l'avaient alors avertie qu'il existait dehors des monstres gigantesques ; ils mangeaient les petites princesses qui voulaient sortir avant la fête de la Renaissance. »
Cet extrait montre une fourmi mentir à une autre consciemment, ce qui n'est donc pas possible.

L'individualisme exprimé par les fourmis est également représenté par l'agressivité présente notamment à la page 55 :
« C'est un piège ! Il est impensable qu'une fourmi de la cité veuille en tuer une autre. Serait-ce un détraquement du système immunitaire ? N'ont-elles pas reconnu ses odeurs d'identification ? Le prennent-elles pour un corps étranger ? C'est proprement insensé, c'est comme si son estomac avait décidé d'assassiner son intestin... […] Le 327 mâle augmente la force de ses émissions : Je suis comme vous une cellule de la Meute. Nous sommes du même organisme. Ce sont de jeunes soldates, elles doivent se tromper. Mais ses émissions n'apaisent point ses vis-à-vis. La petite boiteuse lui saute sur le dos et le retient par les ailes, tandis que la grosse lui serre la tête entre ses mandibules. Elles le traînent, ainsi garrotté, dans la direction du dépotoir. »
Cette agressivité en est une qui est une agressivité entre membres d'un même nid, ce qui est impossible dans la réalité. L'agressivité dont les fourmis font preuve sont dirigés contre les nids ennemis, ou du moins qui ne sont pas le leur ou qui lui appartiennent. Une agressivité entre membres d'un même nid est donc impensable.

Un autre point à noter qui est discutable est la notion de pouvoir politique. En effet, dans le livre, la reine dit à 327° (une des fourmis héroïne du livre) qu'elle ne peut l'aider, n'ayant pas de pouvoir politique :
"Elle lui signifie que de toute façon elle ne détient aucun pouvoir politique. Dans la Meute, les décisions se prennent par la concertation permanente, à travers la formation de groupes de travail axés sur des projets librement choisis. S'il n'est pas capable de générer l'un de ces centres nerveux, bref de monter un groupe, son expérience ne sert à rien."
Ce passage dis en fait qu'il existe un pouvoir politique, comme des partis qui prendraient des décisions séparément pour le maintien de la cité et son bon fonctionnement.
Dans la réalité, il existe un certain polymorphisme, qui se manifeste par une présence de caste, mais c'est la seule forme de pouvoir qui existe chez ces fourmis.

Une autre notion importante du livre et des fourmis est la décision de soi. Dans la réalité, les fourmis ne prennent pas de décision elles-mêmes, elle font ce qu'elles doivent faire par automatisme. Dans le livre, par exemple, 327° prend une décision, à la page 46 :
"Il décide de s'adresser à Belo-kiu-kiuni, en personne."

Mais ces éléments sont contrebalancés par une part de réalité importante, et non des moindre : le réalisme de l'anatomie des fourmis, des fourmilière et également plusieurs particularités concernant les fourmis en elles-mêmes.

Anatomiquement parlant, les fourmis sont dépeintes de la façon la plus réelle qu'il soit.
En effet, elles possèdent bien une tête, un thorax et un abdomen. Le pétiole est bien présent, les fourmis sont de famille Formicinae, une des quatre famille présente en France. Elles possèdent bien deux yeux composés, 3 ocelles, deux antennes composés chacune d'un scape et d'un funicule, lui-même composé de onze segments destinés à différentes tâches. Le chypeus
http://antsmania.com/wp-content/uploads/2011/09/anatomie-fourmis.jpg
Le jabot social est également précisé, outil indispensable à l'acte de trophallaxie. La trophallaxie aussi est plusieurs fois mentionné. Il s'agit d'un échange de nourriture entre les membres d'une société d'insectes, qui renforce la cohésion de celle ci (définition du Petit Larousse 2008).
L'anatomie est donc parfaitement réelle et normale.
 
http://www.futura-sciences.com/magazines/nature/infos/dossiers/d/zoologie-fourmi-secrets-fourmiliere-1404/page/3/ 
Des particularités des fourmis sont également mentionnés, et véridiques.

La tentative d'élevage de plantes carnivores ne l'est en revanche pas tout à fait, mais il existe une similitude dans la réalité. En effet, les fourmis Camponatus Schmitzi vivent dans une plante carnivore, la Népenthès Bicalcarata, qui est une plante carnivore en urne. Cette exception étonnante est la seul qui existe au sein des fourmis. Aucune autre espèce ne peut vivre dans une plante carnivore, et la plante carnivore en question est la seule qui accepte une symbiose avec un type d'insecte. Cette idée d'élevage est évoquée à la page 51 :
"On pourrait dresser un mur de plantes carnivores pour protéger toute la frontière nord-ouest. Le seul problème, c'est que pour le moment ces petits monstres ne savent pas faire la distinction entre les gens de la Citée et les étrangers..."

De plus, l'existence des fourmis esclavagistes est aussi véridique. Ce sont des fourmis dont les ouvrières ne peuvent s'occuper des œufs, des larves et des nymphes, soit parce qu'elles sont trop nerveuses, soit parce que leurs mandibules sont trop longues, trop acérées, trop coupantes....en un mot, pas adaptées pour s'occuper des œufs, larves et nymphes. Elles se voient donc obligées de voler des nymphes ouvrières dans d'autres nid d'autres espèces, qui deviennent en quelque sorte des esclaves des esclavagistes. Elles font leurs première apparition à la page 241 :
"Les esclavagistes attaquent ! Panique à Chli-pou-kan. Des éclaireurs fourbus répandent la nouvelle dans la jeune cité. Les esclavagistes ! Les esclavagistes !"

Ensuite, le drapeau chimique fédéral est décrit d'une façon inexacte, mais existe tout de même. Il aurait fallu précisé que l'odeur de la fourmilière n'est pas imprégnée dans le terrain, mais que chaque colonie possède la sienne, qui est portée par chacun des individus de celle-ci. Ce système permet donc aux fourmis de distinguer amies et ennemies efficacement. Ce drapeau est mentionné à la page 32 :
"Lourdement chargées de victuailles, alors qu'elles vont prendre le chemin du retour, elles déposent le drapeau chimique fédéral. Son parfum claque dans les airs : « BEL-O-KAN ! »"

Il est aussi décrit dans le livre que les fourmis naines aurait plusieurs reines. Ce passage se situe à la page 127 :
"On découvrit alors que les naines avaient installé dans Niziu-ni-kan non pas une mais... deux cents reines. Cela fit un choc."
Il s'avère en fait que plusieurs espèces de fourmis possèdent plusieurs reines au sein d'un même nid, qui pondraient toutes. Et, ironie du sort, les fourmis rousses (l'espèce directement concerné par le livre) fait parti de ces espèces de fourmis. Ce fait est donc à moitié véridique.

Enfin, la trophallaxie citée plus haut est elle aussi véridique. Il s'agit donc d'un échange de nourriture entre les membres d'une société d'insectes, qui renforce la cohésion de celle ci. La première trophallaxie à laquelle nous assistons est décrite à la page 43-44 :
"Une ouvrière remarque ses odeurs de fatigue. Elle lui propose une trophallaxie, le rituel du don de son corps. Toute fourmi possède dans son abdomen une sorte de poche, en fait un estomac secondaire, qui ne digère pas les aliments. Le jabot social. Elle peut y stocker de la nourriture, qui reste indéfiniment fraîche et intacte. Elle peut ensuite la régurgiter pour l'envoyer dans son estomac "normal digérant". Ou bien elle la recrache pour l'offrir à une congénère. Les gestes sont toujours les mêmes. La fourmi offreuse accoste l'objet de son désir de trophallaxie en lui tapotant le crâne. Si celle qui est ainsi pressentie accepte, elle abaisse les antennes. Si elle les dresse bien haut, c'est en signe de refus, elle n'a vraiment pas faim. Le 327 e mâle n'hésite pas. Ses réserves énergétiques sont tellement faibles qu'il est sur le point de tomber en catalepsie. Ils s'emboîtent bouche contre bouche. La nourriture remonte. L'offreuse régurgite d'abord de la salive, puis du miellat et une bouillie de céréales. C'est bon et très reconstituant."
 
En conclusion, les fourmis décrites par Bernard Werber et celles décrites par la science sont très différentes, mais également très ressemblantes à la réalité. Malgré certaines grosses erreurs scientifiques, Bernard Werber a donc respecté beaucoup des grandes vérités sur les fourmis, dont la plus importante, à savoir leurs apparence. Le livre est donc plutôt rapproché de la réalité, malgré certaines erreurs. Mais en parlant de leurs individualisme, il s'agit d'une bonne chose, car sans individualisme, il n'y a pas d'humanité, et donc pas de processus d'identification du lecteur pour les fourmis. Et donc pas de plaisir de lecture.

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